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Concert concept

Iron Maiden: à l’épreuve du temps

Iron Maiden: à l’épreuve du temps
Bruce Dickinson, de Iron Maiden / Tim Snow/evenko

N’importe quel groupe qui a près de 50 ans de carrière mérite tout notre respect, mais au-delà de la durée, la qualité de l’œuvre a toute son importance et c’est ce qu’Iron Maiden a démontré, mercredi soir, au Centre Bell.

Le temps, ici, est l’élément-clé. Temps comme dans longévité, certes, mais aussi comme concept de cette tournée Future Past World. Le temps de conjugaison utilisé n’est pas fortuit. La bande à Bruce Dickinson a décidé de lier son disque de 1986, Somewhere In Time, et son plus récent, Senjutsu (2021), durant de cette virée. Pourquoi? Parce que ces albums ont en commun des thèmes ayant rapport au temps.

La dualité d’albums ne pouvait être plus évidente qu’au début du concert, lorsque cinq chansons des deux disques susnommés se sont enchaînées, liant musicalement le passé au présent.

Pour bien des amateurs qui remplissaient le Centre Bell à ras-bord, du parterre tassé à souhait jusqu’au troisième balcon, la puissante Caught Somewhere In Time qui a amorcée la soirée était annonciatrice de la suite.

Raretés, nouveautés, même plaisir

La chanson qui remonte à 1986 n’avait pas été interprétée en concert depuis la tournée 1986-1987. Concrètement, ça veut dire tous les spectateurs présents au Centre Bell qui n’avaient pas, disons… 15 ans à cette époque (naissance en 1971 ou 1972) n’avaient jamais entendu cette chanson sur scène. Et quant à Alexander The Great, entendue plus tard durant le concert, elle est offerte en spectacle pour la première fois lors de cette tournée.

Durant deux heures, le groupe anglais a oscillé entre des raretés du passé et des compositions récentes, elles aussi, pas encore interprétées chez nous avant cette tournée. Avec un tel parti-pris, un bon nombre de classiques ont été laissés de côté.

Problème? Pas une seconde...

On a vu les amateurs chanter les paroles de la récente Writing On The Wall et la foule au parterre sauter durant Time Machine comme s’il s’agissait de chansons vieilles de trois décennies. C’est à des moments comme ceux-là que tu mesures la pertinence du répertoire d’un groupe, lorsque tu réalises que les fidèles adhèrent autant au nouveau matériel qu’aux succès éprouvés.

Tim Snow/evenko

Source: Tim Snow/evenko

Time Machine a d’ailleurs été introduite avec une référence à la DeLorean du film Back To the Future. D’ailleurs, derrière le groupe, on pouvait voir quelque chose qui s’apparentait au tableau de bord de la bagnole futuriste avec des dates bien précises de déplacement temporel qui correspondaient à la naissance du groupe et des années de parution des deux disques qui constituaient la part du lion (10 chansons sur 15) du concert.

Moment fort avec la nouvelle Battle of the Celts, qui parle de l’extermination d’une culture, «mais c’est la même chose pour l’humanité» a souligné Dickinson, ajoutant qu’il est impossible d’exterminer une culture qui possède une langue et une tradition… comme chez nous. Grosse réaction de la foule.

Des monuments du passé ont  fait mouche comme The Prisoner, introduite avec l’intro visuel de la série télévisée du même nom des années 1960 avec Patrick McGoohan, ainsi que durant Heaven Can Wait, lorsque Dickinson et la mascotte Eddie se sont livré une bagarre à coups de pistolet et de fusils mitrailleurs factices.

L'incontournable Eddie/Tim Snow/evenko

Source: L'incontournable Eddie/Tim Snow/evenko

Eddie, la mascotte au rayonnement international plus important que Youppi!, Chicken et Phillie Phanatic réunis, est partout dans ce concert: sur les écrans et sur les rideaux à divers moments de sa longue carrière, en personne sur scène avec des variations de costumes et même dans la foule, par l’entremise de spectateurs qui étaient doublement dans le coup en raison de l’Halloween.

Sur scène, Dickinson est dans une forme olympique à 66 ans. Il chante encore avec force, fait tournoyer son pied de micro comme le faisait Rod Stewart avant lui et Dave Gahan (Depeche Mode) après lui, s’adresse à la foule dans un français qui ferait honte à des anglophones de Montréal et, surtout, conserve un lien étroit avec les spectateurs durant toute la prestation.

Tim Snow/evenko

Source: Tim Snow/evenko

Et l’inverse est tout aussi vrai.

La participation vocale à un concert d’Iron Maiden est exemplaire et cela s’est avéré sur une foule de chansons, que ce soit Can I Play with Madness, Fear of the Dark, Iron Maiden ou The Trooper.

Le bassiste Steve Harris, ainsi que les guitaristes David Murray, Adrian Smith et Janik Gers ont fait preuve d’une cohésion et d’une excellence remarquables. Il fallait entendre les solos, les crescendos et toutes les variantes stylistiques... Quant au batteur Nicko McBain, si sa frappe est forcément un peu moindre qu’il y a 20 ans – il a 70 ans, quand même -, il est encore un formidable métronome.

En définitive, la Vierge de fer semble résister à l’usure du temps. Et même quand le groupe décide de se payer une tournée concept qui fait la part belle aux raretés et aux nouveautés, même les plus irréductibles admirateurs du groupe sont charmés.

À preuve, cet échange entendu entre deux spectateurs à la sortie du Centre Bell. Le premier, pas un assidu aux concerts de Maiden, soulignant à l’autre, un amateur de longue date, qu’il ne manquait pas tant de classiques dans le concert.

«Non, non», a répliqué l’irréductible. Il manquait des grosses tounes. Beaucoup, même. Mais c’était malade!»

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