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Festival Santa Teresa

Le plaisir retrouvé de Karkwa

Le plaisir retrouvé de Karkwa
Louis-Jean Cormier, Julien Sagot et François Lafontaine. / Courtoisie Santa Teresa/content content

La balance de son de Karkwa se déroule rondement sur la scène principale du festival Santa Teresa, vendredi après-midi, à Sainte-Thérèse, lorsque, soudainement, le claviériste François Lafontaine se tourne vers la console de son, bras tendu, et crie:

«Gardes! Emparez-vous de cet individu et sortez-le d’ici!»

«T’es pas fou?! Vas-tu la fermer?!» hurle le guitariste Louis-Jean Cormier.

C’est à ce moment que le bassiste Martin Lamontagne se tourne vers moi et me lance: «Ça fini en décembre. On va se taper dessus d’ici là…»

Ne le croyez surtout pas.

La scène n’était qu’une blague récurrente d’initiés entre les membres de Karkwa, puisque l’individu en question n’était nul autre que Sandy Boutin… le gérant du groupe.

«C’est juste du gros fun. On a fait un bout de tournée. On a arrêté. Et on a mis le pied sur le gaz de la mi-octobre jusqu’à Noël. Au lieu de faire une tournée exhaustive et jouer toutes les fins de semaine, on a décidé de condenser les dates de tournées. Après les Fêtes, sauf pour un concert, on n’a pas joué avant le mois de Mars. Et là, la saison des festivals commence».

«On ne voulait pas surcharger l’horaire et risquer une fatigue comme il y a 12 ans. On ne voulait pas brûler la chandelle par les deux bouts. Avons-nous un réflexe de trop tourner, dans la vie? On vraiment contents de notre planning un peu mollo.»

Entre le Karkwa première période et celui d’aujourd’hui, il y a eu cette interruption mondiale nommée pandémie. Qu’est-ce qui a changé depuis le long passage à vide?

«L’argent. Tout coûte plus cher, c’est sûr. Et il y a plus d’artistes qu’avant. Et pour un diffuseur, il n’y a que 365 jours dans l’année», ajoute Cormier.

Karkwa sur scène. Courtoisie Santa Teresa/content content

Source: Karkwa sur scène. Courtoisie Santa Teresa/content content

Si les membres du groupe soulignent qu’ils ont le désir de jouer dans des salles où la proximité avec le public est essentielle, ils notent aussi qu’ils ont le luxe de leurs ambitions.

Karkwa a des concerts prévus jusqu’au mois de décembre. Quelle est la suite pour 2025, si suite il y a?

«C’est très clair, on arrête», affirme Cormier.

«On l’avait déjà dit, d’emblée, que ça allait être éphémère et on tient notre bout, mais la porte n’est pas fermée ad vitam aeternam, assure Lafontaine. La seule chose qui va dicter tout ça, c’est les idées et une envie de le faire. Le but (des retrouvailles), c’était d’avoir du fun».

La caravane passe

Quatre heures plus tard, Caravane donnait sur la grande scène le signal de départ d’une soirée musicale exclusivement francophone. Pour la formation originaire de Québec, le mode d’expression demeure le rock, qu’il soit carré, sale ou lourd.

Et nouveau rock, peut-on ajouter, puisque Dominic Pelletier (guitare, voix), Raphaël Potvin (basse), William Duguay-Drouin (batterie) et leur nouveau guitariste (David Boulet Tremblay) ont offert plusieurs chansons de leur tout récent album IV.

Le groupe Caravane. Courtoisie Santa Teresa/content content

Source: Le groupe Caravane. Courtoisie Santa Teresa/content content

Kaléidoscope, Rolling Stones (un hommage à la bande à Mick et Keith) et Juste une toune – la plus pop du lot – atteignent leur cible. Pas pu m’empêcher d’esquisser un sourire à l’écoute de cette dernière en entendant la phrase: «Ça doit être payant les shows à Tokyo», référence ironique à un concert présenté au Japon en 2019 auquel j’ai assisté dans une minuscule salle de 50 personnes... Au final, Caravane aura déployé l’énergie requise pour chauffer la foule.

Le charme de Thierry Larose

Toutes les générations devraient avoir leur Thierry Larose, un artiste qui peut utiliser les meilleurs référents du passé pour en faire une mixture contemporaine qui n’appartient qu’à lui. Qui, d’ailleurs, a une chanson dans son répertoire nommée Frisbee et marmelade?

Durant 50 minutes, Larose et ses musiciens – dont fait partie Lou-Adriane Cassidy – ont charmé et envoûté le public qui savourait les offrandes poétiques de l’auteur-compositeur et interprète en dodelinant de la tête ou en remuant le bassin. Il y a quelque chose d’irrésistible dans les chansons de Larose. Agréables à l’écoute, reposant sur une solide charpente mélodique et éminemment personnelles, elles sont pourtant dotées d’une universalité qui pourrait convenir à n’importe quelle génération.

Thierry Larose et son groupe. Courtoisie Santa Teresa/content content

Source: Thierry Larose et son groupe. Courtoisie Santa Teresa/content content

La puissance de Karkwa

Louis-Jean Cormier l’a dit à la foule après l’interprétation d’une poignée de chansons. Ce qui était une «démarche de carrière» avec le Karkwa première version est devenu «une colonie de vacances» dans cette nouvelle mouture.

Quiconque ayant vu Karkwa très souvent jusqu’à la séparation des années 2010 peu en témoigner. Toujours aussi appliqués, les musiciens sont devenus bien plus que la somme de leurs parties. De nouvelles expériences musicales et l’incontournable expérience de vie portent désormais ce groupe à un niveau supérieur. Ce n’est pas peu dire quand on sait à quel point l’excellence a toujours fait partie de l’équation.

La cohésion des membres de Karkwa est exemplaire. Courtoisie Santa Teresa/content content

Source: La cohésion des membres de Karkwa est exemplaire. Courtoisie Santa Teresa/content content

De quelle manière peut-on mesurer cette croissance? Tout simplement en réalisant que sur scène, les récentes chansons de Dans la seconde (2023) font jeu égal avec les désormais classiques.

La complémentarité piano-percussion sur Gravité était aussi impeccable que la pulsion ressentie durant Dans la seconde. Nouvelle vague, avec son ouverture digne d’un char d’assaut et son accalmie presque immédiate, propulse l’auditeur dans des montagnes russes où l’envol atmosphérique joue à saute-moutons avec des tornades sonores. Nous sommes dans un univers presque aussi psychédélique que la pochette du récent disque.

Cela dit, Le compteur déchire autant que Le coup d’État nous assène un coup de massue. Comprendre, le vieux matériel fait encore mouche, peut-être même dans un enrobage plus magnifié que jamais. Sur cet aspect, même si presque toutes les chansons du nouvel album ont été offertes, la première génération d'admirateurs de Karkwa présente sur place a pu se délecter de L’acouphène, Dormir le jour et autres L’épaule froide. Sur les planches, les cinq musiciens n’étaient pas loin de l’abandon et ils avaient une remarquable cohésion.

Qu’est-ce que disait Lafontaine en après-midi, déjà?

«Le but, c’était d’avoir du fun.»

Pas de doute. Ils en ont eu beaucoup hier soir.


Au programme samedi (grande scène): Ziak, Loud Lary Ajust, Caballero & JeanJass, Muzion, Beendo Z et Ya Cetidon.

Au programme dimanche (grande scène): Daniel Bélanger, Bibi Club, Comment Debord, Robert Robert et Miel de Montagne.

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